L'imprégnation du Metal sur la toile - Réactions de Patrick Roy

Publié le par Marc-Antoine Pecoraro

C'est un article que j'ai du rédiger pour les cours où j'ai décidé de traiter de l'image du Metal par rapport aux technologies de diffusion. Le tout basé sur les déclarations de Patrick Roy qui intervenait pas plus tard qu'hier au sujet du Hellfest et des déclarations de...., j'ai même pas envie de la citer. Et merci à François Mitterand pour cette prise de position sans précédent huhuhu.

 

 

Mon texte :

Si la naissance du Metal correspond à la formation de Black Sabbath en 1968, alors chevelus, barbus et férus de guitare saturée peuvent en souffler les 42 bougies. Le 29 avril 2009, le député Patrick Roy monte à la tribune avec sous le bras un exemplaire du Rock Hard portant en couverture Iron Maiden. Cette arme argumentaire n’a pour d’autre but que de transpercer la loi Hadopi, une loi visant à sanctionner le partage de fichiers ou peer to peer lorsque ce dernier nuit à l’application des droits d’auteurs. Même si l’on peut souligner la bonne volonté du député, il se trompe lourdement en déclarant que « la musique Metal existe essentiellement grâce à Internet ». Il ne s’agit pas en effet d’exister mais de permettre aux groupes de disposer d’une ouverture sur le milieu professionnel. Quels sont donc les rapports qu’entretiennent le Metal et Internet ? Afin de mieux comprendre ces interactions, nous présenterons dans un premier temps les grandes phase de diffusion du Metal puis dans un second temps, nous étudierons son imprégnation sur la toile.

 

A la fin des années 60, on parle d’avantage de hard rock que de Metal. Black Sabbath évolue aux côtés de Led Zeppelin, Deep Purple ou encore, ACDC. La révolution sociale, qui naît en France avec le fameux mai 1968 se propage dans les pays occidentaux et le rock en devient une source de contestation. A noter la figure emblématique Jimi Hendrix et le live mythique de Woodstock où il n’hésite pas à saboter l’hymne américain, au profit de la contestation contre l’enlisement de l’armée au Vietnam. Techniquement, les amateurs de musique ne disposent que de la cassette audio et du vinyle pour écouter leurs groupes préférés. Si le vinyle a quant à lui, encore aujourd’hui, son statut d’artefact et même de relique, le disque étant généralement accompagné de photos, de livres et de biens d’autres idées d’artistes, la cassette audio n’en était pas moins un premier moyen de copier la musique. Au début des années 80, Metallica connaît ses toutes premières heures de gloire grâce à la copie et à l’échange de casette. La profusion de petits labels de production réunissait alors plusieurs bandes afin de créer des compilations destinées à la promotion de ses artistes.

En 1984, Philips lance sur le marché ses premières platines CD. Les puristes crient alors à la mort du vinyle qui n’est plus aujourd’hui qu’un objet de collection. On ne tient pas compte ici de son utilisation dans les styles electro et hip-hop. La démocratisation d’Internet n’en est encore qu’à ses balbutiements avec seulement 100 000 ordinateurs connectés dans le monde en 1989 mais le CD annonce déjà l’air du numérique. La diffusion du métal en France dans les années 80 ne se fait que par le biais d’une partie de fan, le pays étant beaucoup plus touché par l’air disco et les galipettes de John Travolta.

Les grandes heures de la diffusion du métal dans l’hexagone arrivent au début des années 90. Le grand public jeune s’intéresse à des groupes comme Slayer ou Exodus, mais il a alors besoin de s’introduire dans le milieu avec entre autres le Nevermind de Nirvana en 1991 ou le premier album du groupe Korn en 1994. Les métalleux continuent de copier les émissions de radio sur casette  et partagent leurs albums. Devenant un style musical montant, les émissions de télévision se mettent à diffuser des clips de Sepultura et de Pantera. M6 propose alors l’émission Metal Express, composée de clips, d’interviews et de making-of. Le Metal en général devient le style musical à la mode jusqu’à la fin des années 90, ensuite détrôné par le hip-hop.

 

L’année 2000 marque l’explosion de la bulle Internet, un second souffle pour la culture Metal qui est alors lésée par les autres médias. Le métal s’adapte une fois de plus et traverse les mouvances sociales et technologiques et Internet devient et est encore aujourd’hui un palliatif au manque d’intérêt des autres médias pour le métal. Si ce n’est de par quelques magazines, Internet reste aujourd’hui la source d’information principale de cette culture.


En effet, la toile est un moyen de publication à grande échelle qui permet à de nombreux groupes d’accéder à la scène. Partager ses titres sur un Myspace, Facebook ou Twitter permet de se faire entendre des associations, des bookers, et dans le meilleur des cas, des labels. Il ne s’agit pas de dire que c’est Internet qui façonne les groupes, car la musique produite en reste l’élément majeur mais les réseaux sociaux leurs apportent un certaine visibilité, un rayonnement.

Depuis quelques années, le très haut débit permet aussi une profusion de web radios et de web émissions. Chacun peut alors à son propre domicile publier son émission, une liberté par rapport au circuit fermé de la télévision et de la bande FM et une liberté de plus pour le Metal. Radio Hard, Radio Metal et bien d’autres productions médiatiques sont mises en ligne et apportent à ce public oublié quelque chose à se mettre sous la dent.

Par ailleurs, Internet palie aussi à la distribution de ces albums. La mort des disquaires de quartier, non pas due aux téléchargements de production musicales mais plutôt à l’implantation de grandes enseignes telles que la Fnac, aurait pu avoir tendance à rendre l’accès difficile à cette culture. Cependant l’accès aux sites marchands internationaux, et à des prix généralement bien plus bas qu’en France permet aux métalleux de continuer à se procurer albums et DVDs. A noter que même si la Fnac en propose un beau rayon, il n’est pas toujours aisé pour de jeune métalleux de s’y rendre, de peu qu’ils habitent en région rurale. Il est bien entendu inutile de préciser que ce n’est pas à Carrefour qu’il serait possible d’acheter le dernier album de Behemoth, même entre ceux de David Charvet et Lady Gaga.

Puis finalement Internet n’en demeure pas moins fidèle à son identité en proposant l’accès à une bibliothèque musicale énorme, mélangeant groupes professionnels et amateurs. Donc si à la naissance du rock, le public ne pouvait se concentrer que sur quelques grands groupes, le novice de la culture Metal a devant lui des centaines et des centaines d’heures d’écoute avant de se faire une culture.

 

Le métal a donc traversé de nombreuses technologies de diffusion tout au long de son histoire. Casette, Vinyle, CD, Mp3 n’en sont que les principaux supports. Internet ne semble pas être là pour remplacer le CD, car les métalleux restent amateurs d’artefact et l’ouverture d’un nouvel album reste un grand plaisir. Il se présente plus en effet comme la vitrine de cette culture ouverte sur le monde et palie au manque d’intérêt porté par d’autres médias.

 

Patrick Roy contre la loi Hadopi :

 

 

 

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